« J’adore mon métier. Si je suis devenu professeur d’histoire-géographie, c’est grâce à une rencontre, avec Monsieur Arnould, mon professeur d’histoire-géographie de classes de première et de terminale. Cela a été une rencontre déterminante pour la suite de mon histoire personnelle. J’ai rencontré un être humain qui m’a vraiment émerveillé et qui restera un modèle pour moi. Un modèle en tant qu’enseignant, mais aussi en tant qu’être humain, par sa culture, sa finesse d’analyse, ses qualités pédagogiques, son ouverture d’esprit, son humour et sa capacité à se faire respecter. Je pense que l’on est largement déterminé par notre éducation, par l’amour que l’on reçoit, par des événements marquants, positifs ou négatifs, et par les rencontres que l’on fait dans notre vie… qui sont parfois aussi des vecteurs d’amour ! Je suis un enfant unique – j’ai eu beaucoup d’amour de ma maman – mais j’ai parfois vécu dans la solitude sans pourtant m’ennuyer. Toutefois, au fur et à mesure de ma vie, je me suis rendu compte de l’importance de se tourner vers les autres. On reçoit beaucoup quand on est jeune et nous donnons peu car nous n’en sommes pas encore capables. Mais par la suite, on est amené à donner plus, sans forcément attendre en retour car c’est cela, la générosité… L’enrichissement personnel se fait aussi par ces rencontres. Je suis assez élitiste dans mes relations humaines et je suis un être entier, aussi je ne me force guère quand je n’ai pas forcément d’affinités. »
/Mon petit bonheur/ « Le bonheur est quelque chose de très simple. J’aime beaucoup la définition du bonheur par Albert Camus : ‘C’est le simple accord entre un être et l’existence qu’il mène.’ Du coup, le bonheur, c’est quand je réussis à captiver une classe lors d’un cours, quand je vois une lueur dans les yeux de mes élèves ou un sourire à leurs lèvres à propos d’une explication ou d’une anecdote, un conseil que je peux leur donner, une discussion informelle, ça, c’est du bonheur. Du pur !Après, je peux avoir des plaisirs plus personnels. Quand je monte à vélo à Sainte-Agnès, en plein hiver, sous un grand soleil alors que tout le reste de la France est sous la grisaille, quand je lis un livre, quand je croise des personnes qui m’inspirent ou me surprennent, quand je croise des ancien(ne)s élèves ou que je suis invité par ces mêmes personnes pour des moments agréables de partage, ou encore quand je dessine. Je remarque qu’il y a deux catégories : les bonheurs avec et grâce aux autres et les bonheurs qui ne sont dus qu’à ma seule petite personne. L’équilibre entre les deux me permet d’être heureux et de ne jamais m’ennuyer. » #mpb
/Ma plus grande préoccupation/ « Aujourd’hui, à l’heure où nous parlons, je n’ai pas de préoccupations particulières. De manière absolue, c’est peut-être très flagrant chez moi, mon métier est très largement mêlé à mes préoccupations. Arriver à toujours éveiller les esprits qui sont en face de moi me paraît important. Et encore plus compliqué, arriver à faire naître un esprit critique dans une société qui est largement fondée sur la possession de biens matériels et le superflu. Par une formule un peu choc, j’aimerais dire à mes élèves « d’être plutôt que de paraître ». Mais c’est une ambition – peut-être ? -démesurée ! » #mpgp
/Avant de mourir, je voudrais/ « Un rêve qui me tient à cœur serait d’écrire un livre, où j’y mélangerais textes et dessins, qui serait une réflexion sur mon métier. C’est un métier de relations avec de nombreux êtres humains (élèves, parents, collègues, hiérarchies…) et aux expériences très variées et riches. Voilà un peu plus de 25 ans que je travaille dans l’Education nationale (maître d’internat, professeur en collège, un peu dans le supérieur, puis en lycée) et je pense avoir matière à réflexion. Je voudrais avoir plus de temps également pour dessiner. Je voudrais, par exemple, expliquer le communisme, la fin de la guerre froide, la géopolitique actuelle en bandes-dessinées. De manière plus générale, j’aimerais pouvoir faire plus de sport. Depuis quelques mois, j’apprends à nager. C’est une expérience inattendue et riche, qui va au-delà des simples gestes de la nage. Je me suis rendu compte, grâce à mon maître-nageur, à quel point il fallait être détendu pour bien nager. Et du coup, j’ai pris conscience que cette décontraction est utile à bien des niveaux dans notre vie. Si l’on est détendu, on est plus à même d’atteindre certains objectifs qui nous paraissent difficiles. Mais le plus important, c’est qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre ! On peut apprendre jusqu’à la fin de sa vie, même des petites choses, et on en sort toujours grandi. » #adm
/Message à faire passer/ « J’essaie de me l’appliquer à moi-même car je ne le fais pas toujours : être tolérant et indulgent envers les autres. Cultiver notre ouverture d’esprit. Il y a bien des conflits qui pourraient être évités, à toutes les échelles, si nous étions plus ouverts au dialogue et à la compréhension de l’autre. D’où l’importance de voyager, de se confronter à l’altérité, à l’Autre avec un grand « A ». Mais il faut du temps, le prendre, pour connaître les autres et avoir un esprit qui permette d’accepter que l’on puisse être différent de ces « autres » et ces dernier… de nous ! » #mfp